LIGNE BLEUE MARRAKECH

Fuir l’acquis. Toujours. Sans cesse. Brusquer les certitudes pour construire d’autres horizons, ou simplement s’ouvrir à de nouvelles perspectives. Il n’y a que peu d’art dans le conformisme. Aucun artiste sans le goût de l’imprévu. Tiphaine et moi l’avons appris. Notre derniere surprise s’appellera «Ligne Bleue». Poursuivre le chemin initié à deux sans tomber pour autant dans la redondance.

Un changement de dogme. «Ligne Bleue» est donc cela: un nouveau postulat, une nouvelle ligne, une ligne bleue. Il y a d’abord la chromie unique. Par hommage. A Marrakech, ville qui nous a vu naître et renaître. Aux grands aussi. Ceux qui ont bercé notre regard. Matisse, Monory, Klein, évidemment. Mais au-delà. Le bleu comme contrainte positive. On évacue la couleur, sa facilité. On fuit l’habitude et force le geste à se surpasser. La monochromie n’est pas un caprice. Elle est un stimulant, un levier, un dogme qui enraye les artifices et conduit à l’essentiel. Vient ensuite l’itération. Traiter répétitivement un même objet. L’user pour en extraire un potentiel plein. Tiphaine l’a toujours su. Son “Langage des Jambes” en est le meilleur porte-parole. Je le sais aussi désormais. Depuis “Deep Pola” et ma dernière résidence à Jardin Rouge, je décline ses clichés en multiples variations. Puisque l’époque sérialise l’image, notre dogme aussi. Enfin, ou surtout, l’association. Celle de la source et ce qu’elle enfante. Celle de la photographie et de la peinture. Il ne s’agit plus de représenter ou traduire le pola mais d’y entrer, d’y plonger. Nous nous séduisions à distance par le jeu de nos correspondances.

A présent, nous nous consumons par le travail artistique. De la parade à l’acte, nos travaux s’unissent et se synthétisent. Le dogme est donc commun. Ligne Bleue le sera aussi. Un concept qui impose le renoncement radical. A l’habitude nous l’avons dit. A l’individu également. Mon corps et mon esprit, mis au service de l’oeuvre. De même, le corps et l’esprit de Tiphaine offerts à l’acte créatif. Ni moi, ni elle. Tout au plus l’entité Crespel disposée aux faveurs de la recherche artistique. Et dans cet esprit d’abnégation, notre dogme exigera une production soutenue. Dans le temps comme dans son volume. Ligne Bleue, ce seront 50 nuances de notre bleu en 365 jours.

We are always running away from pre-acquired knowledge. We are continually breaking down certainties in order to build new horizons, or to open up to new perspectives. There is little art in conformism. There is no artist without a taste for the unexpected. Tiphaine and I have learned it. Our latest surprise will be titled “Ligne Bleue” (Blue Line). The new series follows the path we initiated together in the past, but does not fall into redundancy. The dogma has changed. That is what Ligne Bleue is about; it is a new starting point, a new line, a blue line.

The first singularity is the colour. This comes as a tribute. A tribute to Marrakech, the city where we were born and reborn. A tribute to the great masters too. Those who rocked our eyes; Matisse, Monory, Klein, of course… But it is far more than that. Blue is a positive constraint. We are leaving polychrome behind with the intention of making things more difficult. We want to avoid habits and force the gesture to surpass itself. Monochrome is not a whim. It is a stimulation, a leverage, and a dogma that stops contrivances and forces us to reach the essence. Then, comes iteration; the same object is repeatedly treated. It is worn out so as to extract its full potential. Tiphaine has always known it. Her Langage des Jambes illustrates that perfectly. I know it too, now. Since Deep Pola and my last stay at Jardin Rouge, I have used her shots recurrently in multiple variations. Our dogma serialises the image, the same way our epoch does. Finally –or especially– there is an association. The association of the source and what flows from it. The association of photography and painting. The question is no longer to represent or translate the polaroid but to enter and dive into it. We used to seduce each other from afar through our correspondence game. Now we are consuming each other through our artistic work. From courtship to action, our works have united and synthesised. We now have a common dogma and Ligne Bleue will be a joint work. The concept asks for a radical renunciation. Renunciation of habits, as we said. Renunciation of the individual as well. My body and my mind serve the artistic work. Similarly, Tiphaine’s body and spirit are placed at the disposal of the creative act. Neither me nor her. At most the “Crespel Entity” put at the service of artistic research. In this spirit of abnegation, our dogma will require sustained production in volume as much as in time. Ligne Bleue will consist of 50 shades of our own blue in 365 days.

Montresso Art Foundation
http://montresso.com/portfolio_item/ligne-bleue-crespel/